vendredi 29 août 2008

Music Makes Me Loose Control








Danse
, n.f: Enchainement de pas et de mouvements du corps effectués en rythme sur une musique.

Là-dessus je pense que tout le monde est d'accord. Néanmoins qu'est-ce qui définit un bon danseur d'un mauvais? La danse est sans doute l'art le moins palpable, le plus subjectif. Car même si on pourra toujours juger le côté technique, il s'agit avant tout d'un question de feeling, de communication corporelle. J'ai toujours cru comprendre que les danseurs savaient parler une langue à part entière, voulaient nous faire passer un message...


Bien sûr, pour ceux qui on un peut suivi l'histoire: petit, je voulais être athlète. Çà c'était mon rêve plausible, réalisable, logique. Mais quand on est jeune, il y a toujours une catégorie de personnes que l'on place au-dessus du lot, sur laquelle on est incollable, que l'on admire comme des demi-dieux. Moi c'était les danseurs hip-hop.
Tout le monde a un jour ou l'autre admiré des breakeurs dans leurs acrobaties multiples, moi le premier. Mais très rapidement, j'ai compris que ce n'était pas là que je trouverait ma source d'inspiration ultime. J'aspirais à plus de grâce, moins de force brute. C'est donc vers la danse hip-hop debout que je me suis tourné.
Malheureusement je n'ai jamais été, et ne serais jamais un danseur. J'ai mis 5 ans à me lancer dans l'athlé alors que j'avais tout pour réussir, alors n'imaginez pas que j'allais devenir danseur alors que je que ma réserve de talent artistique est fortement limitée. Alors comme souvent, comme presque TOUJOURS: j'ai observé.


Oui j'ai vu de la danse, avec boulimie. A 13, 14 ans les seules soirées auxquelles j'avais le droit d'aller c'était les battles de hip-hop. C'était notre seul échappatoire à la linéarité de l'emploi du temps scolaire, les autres avaient leurs matches de foot du samedi soir ou leurs concert de Kyo, de Tryo, d'Oxmo Puccino, ou d'autres conneries qui finissent en O. Nous on s'enfermaient dans des salles de MJC pour voir nos idoles à nous. Les premières fois, c'étaient sous la surveillance de parents un peu inquiets, mais qui on vite compris qu'il y avaient moins de gens mal intentionnés dans un spectacle de danse que dans un concert de pop pour ados.
Ayant eu la chance de connaitre la période d'effervescence de la danse à Rennes, au tournant des années 2000, on parcourt de plus en plus de kilomètres pour suivre des danseurs dont la renommée devient parfois mondiale. Ça m'a toujours fasciné d'avoir des types de mon quartier ou même de ma classe, aller faire un show à Tokyo, Séoul, L.A ou Miami. Mais il le faisaient avec autant d'émerveillement que nous, c'étaient encore des gosses, des vrais, pas les BB Brunes...

La danse debout ce n'est pas le "smurf" ou "faire le robot", mots à bannir de votre vocabulaire illico presto, merci. Non, la danse debout c'est un art à part entière. Présent depuis bientôt 40 ans, puisant dans des origines plus lointaines que le sacro-saint breakdance new-yorkais. Les vieux funkystyles: le poppin', le locking' et le boogaloo sont des vraies institutions, surtout outre-atlantique. Je ne vais pas vous compter leur histoire, Wikipédia le ferait encore plus mal que moi, je vous conseille de vous entretenir avec un danseur expérimenté qui dansait déjà au siècle dernier, la passion dans son récit retiendra votre attention.
Il est très réducteur de mettre toutes les danses debout dans le même sac, mais cet article est déjà assez long comme ça.
Ce qui m'a toujours fasciné dans ces danses, c'est l'état d'esprit. C'est vraiment Funky. Et pour une fois, ce terme est employé à bon escient. On peut y observer une réelle survivance 70's/80's. Ce sourire accroché au visage des danseurs, cette expressivité, ces mouvements de bassins, cette fausse naïveté, ce positivisme typique de la période. Cette façon de connaitre chaque "micro-beat" de toutes les chansons de Funk et d'y apposer le mouvement adéquat. Un amour inconditionnel de la bonne musique, un véritable sens du spectacle où le sol devient scène.

On aurait pu reprocher à ce mouvement artistique un côté élitiste, sectaire, avec cette tendance à intellectualiser la danse. Un mouvement qui diffère beaucoup de la scène breakdance, mais les deux reste avant tout du hip-hop, avec les mêmes valeurs absolues. Toujours est-il que je conseille vivement à tout le monde d'essayer de cerner cette mouvance d'un peu plus près. Les néophytes ne doivent pas craindre de franchir les portes d'un battle.

Bien sûr on ne peut pas parler de danse sans parler de l'evènement mondial: LE JUSTE DEBOUT annuel. Depuis cette année, l'événement se déroule à Bercy devant des milliers de spectateurs. Perdant pour beaucoup son côté underground qu"il avait les années précédentes.
J'ai toujours trouvé ça idiot cette notion d'underground. Ça bloque énormément de chose dans l'art. Bien sûr que l'ambiance est meilleure dans une petite salle où tout le monde est proche des danseurs. Mais la seule façon d'exporter les valeurs d'un mouvement est de le porter sur le devant de la scène et d'en faire la promotion et déformant les valeurs originelles le moins possible. J'emmerde l'underground, un des concept les plus idiots de l'art contemporain. Je me le permet parce que j'ai fréquenter les salles crasseuses de quartier plus que certaines autres. Croire que les types qui dansent dans les caves, qui chantent devant leur potes ou qui dessinent sur leur bureau n'aspirent pas à plus de reconnaissance: c'est une connerie bobo.
Surtout que le Juste Debout fût un superbe show, quoique d'une longueur déconcertante pour beaucoup (à peu près 12h de danse non-stop); on y retrouvait les plus grands danseurs de funkystyle ainsi que de la HouseDance et du NewStyle. L'esprit de la danse n'y était pas déformé tant que ça, même si on peut regretter la distance (pas seulement physique) qui séparait alors les spectateurs des danseurs. Car dans un "vrai" battle, tout le monde est plus où moins acteur à son échelle. Malgré tout, je conseille vivement à tout le monde d'y aller en 2009, muni de RedBull, de caféine ou pire, et surtout: d'un amour pour la danse.


Voilà, j'ai écrit à peu près 4% de ce que je voulais dire, résumer n'est pas mon fort. Je vous laisse donc avec de la danse en vidéo. Faites un effort, je sais que les vidéos ça peut rebuter, mais là il s'agit d'un propos qu'on ne peut saisir si il n'est pas illustré en mouvement. (Vidéo qui reflète plutôt symboliquement que représentativement ma passion pour la danse debout):


- 1 cours passage du popper Richard (qualité vidéo faible), 1 passage du Rennais Iron Mike, dont on reste les premiers fan. Danseur atypique, très grand technicien.

- 1 passage des Twins Criminalz en NewStyle au JD 2008. Ceux qu'on a accusé de "MTViser", de "Rize-ifier" la danse, on tout de même retourné Bercy.
-Comme tout bon évènement funky, on fini avec un Soul Train!! Le Soul Train, c'est la quintessence de ce que j'aime. Au niveau musical, au niveau vestimentaire, au niveau capillaire au niveau humain. Certains de vos parents pourraient pleurer de nostalgie en voyant ces images. Moi je pleure de ne pas avoir vécu cette époque. Ça représente pour moi ce qu'est le Funk, ce qu'est la danse, voire la vie. Des noirs, des blancs, des jaunes, des grands, des petits, des gros, des pauvres, des riches, des blonds, des gays, des cadres, de dealers de cracks, des transsexuels, la West Coast, la East Coast, tous unis dans le même but: faire la fête dans ce Soul Train. Faire en sorte que ce train ne déraille jamais, c'est un peu aussi ma mission.