vendredi 15 août 2008

La seule façon d'être suivi, c'est de courir plus vite que les autres.






La vision d'athlètes sous les feux de la rampe pékinoise émoustille mon instinct fauve: courir.
Réminiscences physiologiques d'un temps perdu et pourtant proche. Je m'en souviens, c'est mon futur.
Je suis avant tout quelqu'un qui court. L'athlétisme comme la plus longue métaphore filée de ma vie.

Devant énormément au sport je me devais d'y consacrer quelques lignes. Moindre des reconnaissances...

Je ne suis pas allé à l'athlétisme, il est venu à moi. Progressivement, furtivement, comme une silhouette menaçante se rapprochant cahin-caha mais que je ne pouvais fuir...que je ne voulais pas fuir. Le genre de gueule de loup dans laquelle on se jette volontiers.
Non ce n'était pas la passion évidente d'un chanteur pour la musique ou d'un acteur pour le cinéma. Plutôt la fascination d'un pyromane pour le feu.
Cette expérience est le parfait reflet de ma personnalité. Une attirance que je n'arrivait pas à assumer. Oui petit j'aimais courir. Les enfants uniques ont souvent une imagination débordante et leur petit côté "autiste" leur permet de s'amuser d'un rien. Je n'échappais pas à la règle. En l'occurrence mon jeu préféré était la vélocité de mes jambes. Voir la rapidité avec laquelle je ralliais la salle de classe à la cantine me donnait une impression de liberté...il en faut peut pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux.

Avec l'âge de la raison viens un âge plus social où la place de l'autre grandit dans notre esprit. Petit déjà on parait et veut plaire, la superficialité n'attend pas, moi non plus. Mon corps grandit, je cours de plus en plus vite et je m'en sers.
Terreur des "1,2,3 soleils", champion de "l'épervier-sortez". C'est la reconnaissance de la cour de recré. Histoire de prouver qu'on est pas qu'un grand maigrichon mal habillé qui connait plus de 150 capitales. On a pas le choix quand on est pas une star du foot.
Et puis le privilège de pouvoir attraper toutes les filles à "chat-bisous" était non-négligeable.

J.O d'Atlanta 1996: Michael Johnson en 19.32s sur 200m. Plus grande performance sportive de tout les temps. Premier déclic. J'ai 8 ans.

Je me console en faisant du basket. Comme d'habitude, je n'ose pas le grand saut et choisit la facilité. Pendant ce temps là Christine Arron bat le record d'Europe en 1998 et je l'aime.

Viens le collège. Filles ou garçons, qui ne se souvient pas de ces séances de sprint en cours d'E.P.S? Il y avait toujours un asmathique qui ne pouvait pas courir, une fille avec de trop gros seins qui avait oublié sa brassière, et des connards de pré-ado s'affrontant virilement et ridiculement à coups de chronomètre. J'étais de cette dernière catégorie, c'était mon heure de gloire. [Et puis il y'a toujours une fille qui court plus vite que la plupart des garçons, les profs disent d'elle que c'est une vraie gazelle. J'aimais universellement cette fille, tant que je courais plus vite qu'elle.]

Sydney 2000, c'est l'époque Maurice Greene, dernier grand showman de l'athlétisme. Me voilà parti pour 4 ans de...handball pendant lesquels je passe mon temps à courir plus qu'autre chose; puis à porter haut des valeurs telles que l'esprit d'équipes, la solidarité et autre conneries.
Je "sèche" mes entrainements de hand et passe mon temps à m'adonner à un drôle de passe-temps: la course urbaine. N'étant pas du genre téméraire, je ne pouvais pas être un Yamakasi. Néanmoins j'adorais l'interaction avec le "décor urbain", cela consistait à courir dans la rue pour un oui ou pour un non, sauter par dessus des haies, des voitures, faire exprès de rater le bus pour le rattraper à l'arrêt suivant! (ça je le fais toujours..). Officiellement, je continuais de jouer à la baballe...en EQUIPE.

Athènes 2004. Je passe l'été à faire des crises d'angoisse parce que je ne sais pas en combien de temps je cours le 100m. J'en ai marre de regarder des dopés à la TV et d'idolâtrer des inconnus.

Je veux être mon propre champion.

Septembre 2004 je m'inscris dans un club d'athlétisme et ma vie change pour de vrai.
De 2004 à 2007 j'ai vécu une expérience sans pareil. Je me suis forgé dans tout les sens terme.

J'ai rapidement pris conscience de mes "capacités" comme on dit aux jeunes dans le sport de haut niveau. Des victoires écrasantes, fulgurantes, trop rapides sans doute. Des étoiles dans les yeux. Londres 2012 ancré dans mon cerveau.
On t'apprend à devenir un guerrier. L'hiver, pendant que les lycéens matent une quotidienne de Tv-réalité: tu cours en short qu'il neige ou qu'il vente, à t'en faire vomir. Le week-end tu ne sors pas, tu cours. Les études semblent un défi mental pitoyable en comparaison.

L'esprit de combativité, le dépassement de soi. C'est sans doute le premier acquis.

La prétention, l'arrogance, l'envie d'écraser tout ce qui bouge. Celà vient ensuite. La jouissance de battre des types plus âgés et plus baraqués que moi. Une vraie drogue.
Des défis lancés aux adversaires, l'adrénaline avant les courses, tout les rituels et tics de préparation. Une véritable pièce de théâtre.
Premiers articles dans le journal, stades parisiens combles. On se rêve en bleu.
Puis arrive un moment où l'on tombe sur plus fort que soi. La marche de trop, l'école de la vie. LA DEFAITE. Et puis les blessures, une toute autre histoire.
On relativise. On apprend plus que jamais. L'humilité est de rigueur.
C'est le moment de transformer l'arrogance en confiance en soi constructive. De faire de ses défauts ses principales qualités. C'est bien sûr la même chose dans la vraie vie. Le sport n'étant qu'un simple miroir.

Chaque course est une éternelle renaissance. Un vrai combat. Il y a énormément de masochisme dans le sport de haut niveau. C'est bien parfois ce qui m'a rebuté.
Mais cette sensation de puissance et de liberté est irremplaçable. Le fait de pouvoir atteindre 37km/h sans aucun artifice, avec ses propres jambes, c'est déjà un peu pouvoir voler. Le fait de se dire qu'à peine 150 personnes sur 60.000.000 cours plus vite que nous dans ce pays, c'est grisant il faut l'avouer.



Bientôt un an sans compétition. Je me souviens de ces moments...

Le regard noir fixé sur la ligne d'arrivée. Le 100m comme représentation de la vie. Le départ comme une naissance, la ligne d'arrivée comme fin ultime. Un grand saut. Mon cœur bat à m'en décrocher la poitrine. Les encouragements deviennent diffus, je suis sourd.[Messieurs, en tenue derrières vos blocs] Mon visage ne trahissant aucune expression sauf une extrême tension. Je me frappe les cuisses comme si elles ne m'appartenaientt pas. J'enlève mon survêtement, comme un boxeur enlève son peignoir avant le combat. L'instant semble interminable. Le couloir de la mort s'offre à moi, sans autre échappatoire. Cette course sans virage est terrifiante. Je sais que je vais courir poursuivi par rien et par tout à la fois. J'arrête de divaguer et me concentre à nouveau. [Messieurs, à vos marques]. Je crois mourir de peur et d'excitation à la fois. L'index tendu vers le ciel, parfois un cri d'auto-encouragement. Mes pieds calés dans les starting-block, mes doigts frôlant la ligne. Je suis prêt à vivre. [ Prêts!] Une rangée de doigts à droite et à gauche. L'air est pesant. Silence de mort avant la naissance.
PAN! Explosion de muscles, bruits frénétiques de piétinement. Je suis en mode "auto-pilote". Souffles rauques de taureaux lâchés dans l'arène, guépards courant après une gazelle fixe et invisible. Un 100m se court dans un état de quasi-inconscience. Ce sont juste 11 secondes de réflexes. Et voilà ma satanée habitude de ne pas regarder devant moi, mais à droite ou à gauche pour voir où sont mes adversaires. Preuve que je cours avant tout face aux autres. Les muscles du visage qui se balancent mollement. En apnée, la présence des adversaires est perçue comme une agression au degré ultime. La ligne se rapproche, le but est simple et unique: gagner. On s'arrache on donne tout, les pieds volent sur le sols, les jambes effectuent un ballet millimétré, les bras sont des cisailles industrielles. Les autres, les autres; putain, LUI! On sert les dents, un ultime effort, le buste droit et fier, ischio-jambiers et quadriceps comme fidèle destrier, mécanique infaillible. C'est presque fini, on avance la ligne d'épaule et on bascule dans le monde de l'après-course.
A la seconde où la ligne est franchie, le rideau se baisse, les muscles se relâchent. Sourires ou gestes d'énervements remplacent cet effrayant manque d'expression sur mon visage. Je suis mort et prêt à renaître. Cet instinct animal m'anime.


PS: Bonne chance à mes potes qui participent aux J.O de Pékin. Hugo-Mamba Schlik au triple-saut pour le Cameroun et Lina Jacques-Sébastien au relais 4x100 pour la France...ainsi qu'à moi si je reprends le sprint l'année prochaine.


PPS: 9.69 OHH MY GOSHHH!!!

mercredi 13 août 2008

Bohemian Rhapsody

2008 Bohemian Rhapsody

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