mardi 14 juillet 2009

A heavy bassline is my kind of silence [Entracte]


Difficile de ne pas être dur quand le mépris dure.

Je pénètre dans cette grande maison bruyante, je ne connais pas ces gens. Cette bacchanale du feu de Dieu m'exaspère dès la première seconde. Je perçois l'éléctro crasseuse comme la plus perfide des agressions personnelles. Ces jeunes riches dansent affreusement mal. Je pense soudain à la belle époque baroque, temps où les aristocrates prenaient des cours de danse tout en s'enivrant de "substances vicieuses". Je chasse Versailles de ma tête et abandonne l'idée que l'on peut encore être à la fois défoncé et classe de nos jours.


Je ne salue personne, et me sert un mélange de saké, de vin et de rhum. Je me veux multiculturel, c'est la seule solution pour oublier l'affreux contexte de la soirée.
Raisonnablement éméché, les larmes aux yeux, avachi dans ce confortable fauteuil club souillé par d'anciennes vomissures, je cherche des compagnons de galères potentiels.

Je conçois cette soirée d'une façon étonnamment martiale. Cette fête est une guerre. L'objet étant d'écraser les jeunes hommes à coups de remarques acides voire de poings dans la mâchoire, quant aux jeunes filles, le but est encore plus simple: conquérir leur cœur, ou à défaut: leur cul.
Le vieux vétéran que je suis tient à faire l'état des lieux des forces ennemies en présence. D'un regarde circulaire et vitreux: je juge. Sommairement.
Au diable ce groupe de jeunes connes blindées de coke. Plutôt piétiner leur spartiates à franges Maje que de leur accorder la moindre importance. Elles se ressemblent et je les confonds, elles sont 4, ou 8. Je vois double, je m'en fous. Le genre de filles qui forniquent l'été sur des catamarans en Vendée avec des types portant Eudes comme troisième prénom me désintéressent au plus haut point.
Quant à ces trois mecs "slim-New Era-sneakers-barbe de 8 jours", ils sont occupés à vider des font de verres et à jouer les Dj beaucoup trop bruyamment. Ils puent le concept et pense encore qu'Ed Banger c'est bien et que le hip-hop c'est Kanye West. Ça ne devrait pas être une cause de courroux légitime. Pourtant je souhaite qu'ils meurent tous un par un dans ma tête.


Je me tourne vers ce sofa, véritable appel à la paresse, à l'oisiveté la plus totale, à la mort temporaire. Quelqu'un semble y avoir déjà établi ses quartiers, je distingue dans la pénombre un crâne presque rasé et des membres graciles. Je suis affreusement myope.
La démarche lourde, je m'affale dans ce cercueil mou, sans distinction aucune.
Mon voisin est une voisine. Elle est d'une incompréhensible beauté fauve, presque trop brute. J'ai envie d'elle avant même d'avoir entendu sa voix. Bien plus que son corps, c'est son concept et son univers que j'ai envie de saisir, là, maintenant.



Elle est saoule, et revendique avec une certaine fierté la quantité de whisky qu'elle a été en mesure d'ingurgiter toute seule. J'ai alors cette vision, digne d'un mauvais épisode des Experts; j'y vois un liquide brunâtre pénétrer dans son estomac, dans ses veines, puis ronger son foie avec entrain. Elle mourra jeune. Cette jeune femme me fascine. Non, elle m'intrigue plutôt. Quand je lui demande son nom, s'en suit un long silence. Puis elle me répond Béatrix. Je ne le crois pas une seule seconde. Sa mère l'aurait soi-disant nommé ainsi en hommage à Uma Thurman dans Kill Bill, alias The Bride, alias Beatrix Kiddo, femme vengeresse et indépendante en quête d'un salut impossible, portant un fardeau dont on ne peut se débarrasser. J'ai l'esprit encore assez clair pour distinguer l'incohérence chronologique. Car même si sa poitrine semble aussi ferme que celle d'une jeune pubère, ses hanches sont trop larges pour qu'elle puise être née il y a 6 ans, comme le chef d'œuvre de Tarantino. Tant pis, je l'appellerai B.



Je veux jouer avec elle. Saura-t-elle détecter le diable, flairer l'intérêt jetable?


B continue de boire démesurément. Ses propos sont des plus en plus incohérents, donc de plus en plus profonds et de plus en plus drôles. Elle devient tactile et ne se soucie guère d'une quelconque bienséance. Ses postillons épars et alcoolisés ne gâchent pas encore son charme
Elle m'explique son investissement politique à l'extrême gauche. Défendant son point de vue avec une telle ardeur qu'elle me ferait presque passer pour un centriste convaincu. C'est extrêmement...touchant.


B est aussi une artiste. Incomprise, cela va sans dire. Nous parlons principalement d'elle, car poser des questions ne semble pas être son point fort. La façon dont elle revendique son unicité me fait rire et pleurer, intérieurement. Je sais au fond de moi qu'elle n'est qu'une structure, certes compliquée, mais démontable. Je veux la démonter. Dans tout les sens.


Elle devrait savoir qu'il n'y a pas que de l'amour sous mon épaisse masse capillaire. B. ne comprend pas pourquoi je porte à la fois une montre à gousset et une Casio digitale vintage. Moi je ne me comprends pas tout court. Je lui dit que j'en sais peu sur ce qui se passe dans mon encéphale, que je n'ose pas y penser tellement c'est grave. Elle s'en fout, et me fait boire. Autour de nous l'ambiance devient crade et sale. J'ai sommeil. Béatrix me propose de faire l'amour en écoutant Gazelle de Joey Starr. J'éclate de rire. Elle pense que c'est pour la pertinence de sa remarque, mais c'est tout simplement parce que je l'ai déjà fait deux fois. Fantasme d'artiste à la con.


De toute façon, j'ai bu 6 verres de trop pour pouvoir assouvir ses désirs dignement. J'opte pour la préservation du mythe, ou du moins, du mystère. J'utilise une botte fort peu secrète, celle du repas de famille inévitable le lendemain, et fuis. Laissant ma charmante rencontre avec son seul amant fidèle, Jack Daniels. Je sais pertinemment que je la reverrai dans 1 ans ou 2, à son vernissage qui s'intitulera "Trop jeune pour mûrir" ou un truc du genre. Et je l'aimerai sûrement. Une semaine. Deux peut-être.

[ Oui comme vous pouvez le constater je n'ai plus vraiment le temps pour des articles dignes de ce nom. Je vais tenter d'y remédier. Mais les vacances c'est fait pour vivre, non pas pour lire des blogs. Et encore moins y écrire...]

9 commentaires:

Sana a dit…

Enfin!!!!
Drôle d'entracte.
Qu'elles sont belles tes muses!

M.dee a dit…

Ouh que j'apprécie ta plume monsieur, ainsi que les magnifiques beautés black sur les photos!

Unknown a dit…

Juste magique...

melissa a dit…

j'aime ta manière d'écrire ! quoicque j'avoue que ce billet je ne l'ai réellement apprécié qu'à la fin .
" le fantasme d'artiste à la con" aurait fait une superbe fin.
Pour ma part;

mais tu le dis bien :

[ (... )les vacances c'est fait pour vivre, non pas pour lire des blogs. Et encore moins y écrire...]

au fait c'est pas vivre que de lire des blogs ? nonnn ;)

Anonyme a dit…

C'est fini les vacances... non ?

Anonyme a dit…

merci pour intiresny Dieu

Anonyme a dit…

DIS PAYA? TU REVIENS QUAND?

Cookie Ann a dit…

hello impossible de t envoyer un message ne privé car en effet je suis styliste à mon compte tu peux découvrir mon univers via ce lien www.cookieann.blogspot.com
qui est donc cette fille beatrix j adore son profil pourrais tu me mettre en contact avec elle ? et toi
es tu sur paris ?
sincèrement ,
cookie

Anonyme a dit…

Oui, probablement il est donc