mercredi 25 mars 2009

Girls Love Nerds... But Fuck Gangstas


Sous cette phrase au punch ravageur, tout à fait confondante de subtilité, se cache une envie de dire « on vous avait pourtant prévenu ».


Effectivement, qui n’a jamais regardé DKTV sur France 2 en mangeant des Frosties le samedi matin ? Bon, il y a toujours un type qui a lu Dostoïevski en CM1 et dont la mère fait de la sculpture sur bois qui n’a jamais eu la télé chez soi, c’est un fait.

Pour les autres, on savait tous qu’il fallait mieux être Quaterback dans l’équipe de foot plutôt que président du club de dames chinoises quand il s’agissait de conclure au bal de promo.


Le Nerd pourra tour de même servir de réceptacle aux confidences de la Belle ; si il s’y prend bien il pourra même être l’objet d’une certaine affection de sa part, mais elle sera simplement le fruit d’une action narcissique plus ou moins inconsciente.

Au final, le Nerd récolte un bisou sur la joue droite qu’il ne lavera plus jamais avant le solstice de printemps. Pendant ce temps-là, le Quaterback fait couiner la grosse Chevrolet de papa au rythme de ses coups de rein sur le parking du campus, en se regardant dans le rétroviseur, la bouche semi-ouverte, émettant un gémissement d’autosatisfaction rauque et peu distingué.


Le monde est-il injuste pour autant ?


Ça dépend si on considère que déflorer une majorette en écoutant Linkin Park est un acte plus plaisant que de parler confucianisme et water-polo en pêchant à la mouche, adossé à un chêne, à deux.



En ce moment, je lis Les Lois de l’Attraction de Breat Easton Ellis (1987). Je ne saurais dire si ce bouquin est bon. En tout cas ça parle de sexe, de drogue, de fluides en tout genre et de rock n’roll, et d’autres sujets d’une originalité de tous les instants.

Tout le monde baise, très peu fond l’amour. Tout le monde est défoncé, très peu rêvent encore. Insoutenable stéréotype, et pourtant on se prend au jeu.


Et puis il y a ce personnage de Sean, qui illustrerait parfaitement le titre de cet article. Sean est beau, narcissique, bronzé, assez peu cultivé, primaire, mais rusé et libidineux. C’est le Gangsta/Conard type,c omme beaucoup de mecs qui s'appellent Sean, soit dit en passant. Il baise tout le monde dans l’indifférence générale, filles et garçons, coké jusqu’aux yeux. Il n’aime personne, et en général, on le lui rend bien. Il a un blouson en cuir et veut se suicider, car il est assez conscient pour se rendre compte que sa vie ne rime à rien. Je n’ai pas fini le livre, mais je souhaiterais qu’il meurt de la syphilis, comme Maupassant, mais en moins classe. Juste retour des choses.

Il tranche avec ces Nerds, gentils artistes incompris et poètes en herbe, à qui on écrit des lettres d’amour anonymes, que l’on effleure que par la pensée, ou au mieux dans la queue du self, en allant chercher une brique de lait. Pauvres êtres de chair condamnés à un onanisme coupable et puant, enfermés dans la bulle spéculative de leur imagination débordante, alimentée par de stériles débats verbeux entre fans de Philip K.Dick ou de théâtre français classique.


Dans la vraie vie, c’est un peu pareil, mais en plus subtil, et avec moins de cheerleaders et des types avec de meilleurs goûts musicaux, quoique.


Mais la jeune femme européenne du XXIè siècle est plus maline que son équivalent américain des 90’s. Elle brouille les pistes, et transgresse les codes établis. Énorme désillusion pour tout ceux qui avaient misé leurs espoirs sur les pectoraux, car oui, les jeunes filles sont « spirituelles », et leur comportement échappe à toute rationalité.


Le fait d’être un Nerd n’est plus vraiment rédhibitoire, au contraire.

En effet, de nos jours les jeunes femmes aiment les conards, et surtout les conards intelligents. Cette règle est ABSOLUMENT universelle, et ne saurait souffrir aucune contestation.

Les conards actuels ne sont pas de simples abrutis aux traits réguliers, ils sont la synthèse des mâles caduques du siècle passé. Subtil mélange de virilité latine, flegme britannique et orgueil à la française.

Ils prennent la place des mous, des indécis, des lents, des gentils, des conciliants dans le cœur des dames.


Ce nouvel homme, sorte de fondu au chocolat mi-cuit, main de fer dans gant de velours, à tout pour vaincre. Si tant est qu’il veuille s’enivrer de plaisirs charnels tout en recevant de romantiques missives le lendemain dans sa boite aux lettres, et non un simple boxer sale et négligemment oublié sur le lit de sa partenaire.

Fruit d’une schizophrénie malsaine, aliénante et destructrice, sa mission est de tout absorber avant d’imploser sous le poids de son propre non-sens. C’est la version lubrique et romantique de Bou dans Dragon Ball Z.


Comme l’ont suggéré naguère de célèbres rappeurs en chamalow,

l’Übermensch nietzschéen de 2009, se devra donc d’être moitié Thug-moitié Nerd, ou ne sera PAS.

Il fera des pompes sur une main tout en déclamant Othello. On est pas dans la merde...



PS : je vous déconseille de lire Breat Easton Ellis, sinon voici le genre d’articles qu’il en résultera.

PPS : « Just Be Yourself » comme disait Cameo, un homme funky à la coiffure expérimentale.