mercredi 1 avril 2009

J'ai fait l'con


Oui, Dieudonné M'bala M'bala, pèlerin de la farce et du bon mot devant l'éternel, me fait rire et plutôt deux fois qu'une.


Maintenant que j'ai perdu 67% de mes lecteurs, que Blogspot va fermer ce site et que je vais recevoir une lettre du Ministère de l'Intérieur incessamment sous peu, parlons problème de fond, je vous prie.

Comme beaucoup, j'ai longtemps été rebuté par les frasques d'apparences antisémites de "notre ami chocolat". Ou du moins, ce qu'"ON" voulait bien en montrer.
Poussé par la curiosité, j'ai découvert ses spectacles voilà un peu plus d'un an, puis je l'ai vu sur scène. Submergé par le rire, j'ai tout de suite été séduit par Dieudonné l'Humoriste, moi d'habitude si réticent face aux clowneries des drôles professionnels.

N'en pouvant plus des blagues sur les portables, des boutades sur les meubles en bois, des impros' de guitares dignes d'un cabaret de Montélimar, de l'humour pathétique et populiste des bouffons du PAF, des runnings-gags sur les grosses, les blondes et les videurs, j'étais soulagé.
Aux oubliettes les Gad Elmaleh, Franck Dubosc, Thomas Guignol et autres imposteurs arrivistes "blague-blanc-beur" du Jamel Comedy Club. De toute façon, je ne vous ai jamais aimé.

On pouvait enfin rire de la loi de 1905, de la politique de Colin Powell, ainsi que des éléphants de mer, de la crucifixion de Jésus et du passé colonialiste de l'Europe.
Très bon technicien de l'humour, j'aimais avant tout sa fougue, son absence de limites et son ton cynique à l'extrême, farouchement dénonciateur.

Néanmoins, il est de notoriété publique que le bât blesse quand Dieudonné parle de sionisme. C'est là que s'opère le très subtil mais périlleux glissement entre l'Humoriste et l'Idéologue Illuminé Extrêmiste.
Je ne suis pas antisémite, et je parle aux hommes qu'ils soient Salam ou Shalom, car quand le soleil chauffe, ils se mettent TOUS à l'ombre.
Alors bien sûr il faut faire la différence entre antisémitisme et anti-sionisme. Eternel débat que je ne développerai pas ici.

Monsieur M'bala M'bala, qu'on l'aime ou le déteste, je n'en ai cure.
Mais ce qui m'insupporte, ce sont les moutons qui lui crachent à la gueule parce qu'ils ont lu Le Monde, regardé Fogiel, mais pas les spectacles du premier concerné. Et souvent, ses plus véhéments détracteurs sont les défenseurs d'un immobilisme sclérosant et d'un politiquement correct nauséabond.


L'argument de Dieudonné est la défense absolue de la liberté d'expression comme droit inaliénable de l'individu. Dans l'absolu il n'as pas tord, et des types sans-culottes sont morts pour ça sur les barricades parisiennes il y a 220 ans.
On pourra aussi remarquer au passage que l'humoriste se moque au même titre des chinois, des français, des camerounais et des extrémistes islamistes wahhabites. C'est de l'humour avant tout.
Mais le malaise persiste

Et comme Desproges l'avait bien dit : "on peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui".
Alors peut-on rire avec Le Pen? A la limite, ça peut être un coup médiatique un peu borderline.
Mais peut-on rire avec Robert Faurisson, deux fois? Je pense que NON.
L'intéressé rétorquera: "moi je suis un irresponsable...professionnel, attention!"

C'est là que je fait preuve d'un grand scepticisme vis-à-vis du Dieudonné face bis, véritable Harvey Dent des planches. Le revers de la médaille n'est pas toujours très reluisant, mais surtout très obscur.

Je vais donc profiter de l'occasion en or qui s'offre à moi pour en savoir plus.
En effet, malgré une couverture publicitaire très underground, l'information est parvenue jusqu'à moi: Dieudonné donne une conférence-spectacle à Rennes, demain soir!
Pas le genre de conférence avec 800 personnes aux palais des Congrès, non le genre de conférence du mec qui n'as pas pu obtenir de salle et qui te donne rendez-vous dans son bus sur un parking de province.

En ésperant qu'il se pointe pour de vrai, j'espère que je pourrai lui faire part de mes interrogations dans un cadre assez intimiste. Car la dernière fois où j'avais eu l'occasion de lui adresser la parole, nous avions juste eu le temps de parler de dreadlocks, de cheveux naturels et de sa fille.

Je vous tiendrai au courant le plus vite possible de ce qu'il en est. Si je suis victime d'un attentat du Betar, je vous salue bien bas par avance.

PS: J'aurais voulu vous dire de ne pas aller voir Coco, mais je crains que ça ne soit assimilé à un crime mémoriel...