samedi 24 mai 2008

Le Funk pour les nuls.



C'est funky par ci, c'est funky par là...but what the hell is THE FUNK? Ni Wikipédia, ni aucun livre, ni aucun oncle ayant vécu à New York en 1975 et prétendant avoir connu le bassiste de James Brown ne pourra répondre à cette question.
Le Funk est vaste, c'est un courant musical majeur plein de sous-branches auquel on ne saurait poser des bornes chronologiques strictes, à l'instar du rock. Ton Funk c'est Jamiroquaï, son Funk c'est Daft Punk, leur Funk c'est Amp Fiddler, notre Funk c'est James Brown...and then? Chacun son Funk. Que puis-je faire alors si ce n'est exposer MON Funk? Je n'ai aucune leçon a donner sous prétexte que j'écoute quantitativement plus que la plupart des gens ce que l'on nomme communément Funk.
Néanmoins demeurent en moi une envie tenace de partager ma passion, et certains trouveront sans doute un intérêt à ces vagues éclaircissements.
Bref.

Je vous vois tout de suite arriver avec votre James Brown...Pour 90% des gens, et avec raison, le mot Funk rime avec 70's. Objectivement, le Funk 70's est la seule période du Funk qui se tienne, la plus riche au niveau de la créativité, du génie musical, de "l'esprit" funky. Herbie Hancock, James Brown, George Benson, Kool and the Gang, Earth Wind an Fire, Parliament/Funkadelic: des noms qui parlent à tout le monde. Prodiges d'un Funk qui n'est alors qu'une soul divergente, de la musique black pour fous, une bande de noirs extrêmement créatifs sous acide, pacifistes anti-Vietnam et marqués par la mort du King, pas Elvis non: Martin Luther. En fait bien plus encore: ce sont des artistes.

Le Funk 70's c'est "guitare, batterie, basse", un morceau dure 6min45 et c'est génial. Ce n'est pourtant pas là ma préférence même si elle demeure celle de la majorité. C'est un son encore inaccessible, une bulle créatrice, des barrières franchies, des limites repoussées, une Amérique anti-soviétique "Nixon-Ford-Carter" choquée, , des gens qui vont bientôt mourir,des filles dévêtues. Une musique encore très mature, s'écartant des droits chemins mais jamais bien loin des jupes de maman la Soul. Un son qui vient du cœur.


Qu'est-ce donc alors que le Funk 80's dont je me délecte jour et nuit depuis des années? Une musique qui perd de son coeur, reflet de la décennie. Un courant musical sous Reagan, CQFD. America Is Back, la Disco est morte mais n'en parlons pas (blasphème). Place au synthétiseur, à l'éléctronique, aux voix criardes, à la basse saturée, à la démesure, au mauvais goût, au matérialisme, à des filles totalement nues. Un son qui vient des machines.
Un produit plus lisse, accessible, vendeur, formaté, commercial, on dira ce qu'on voudra.
Malgré tout je l'aime d'amour cette musique. Elle fait danser nos hip-hopperz, monter l'adrénaline, bouger les dancefloors, chier mes voisins du dessus. Le Funk 80's est un enfant turbulent, ne respectant pas toujours l'héritage mais ayant malgré tout les gènes de grand-mère la Soul; mon ami le Funk 80's est efficace, sa boite à rythme suit les battement de mon cœur et doit vaguement me rappeler le seul bruit qu'il m'était permis d'entendre il y'a exactement 20 ans. Ce vacarme me berce.


Ce n'est pas que Shalamar ou Melba Moore (malgré tout mon respect), le Funk des années 1980 a aussi eu son lot de génies. C'est la période des petits labels indépendants, une époque où 4 potes de Cleveland et là sœur de l'un d'entre eux qui avait une voix correcte vendaient leur voiture pour enregistrer un maxi en studio. Des tirages à 400 exemplaires pour des milliers de groupes de ce genre, ça passe où ça casse. La plupart sont tombés de haut, d'autre dans l'alcool, beaucoup dans l'oubli, Charlie Wilson fait des duos avec Snoop Dogg...

Fini les lyrics engagés façon
What's going on ou Say It Loud, i'm black and i'm proud! Run DMC, Public Ennemy et autres "proto-rappeurs" sont là pour ça maintenant, place au moins profond mais plus fédérateur: LET's DANCE TONIGHT!

Etrangement, la Funk 80's trouve son plus grand interêt dans l'usage qu'on en a fait a posteriori. Car si les 80's sont les années du synthé, les 90's sont celles du sampler, et croyez moi, être producteur de musique afro-américaine des années 90 consistait simplement à connaitre ses classiques Funk 80's. De 2 Pac à Nas, de Toni Braxton à Mariah Carey, d'Ashanti à Foxy Brown; c'est n'est que du Funk 80 remixé à la sauce Clinton. Non pas George mais Bill, en effet j'ai cette fâcheuse tendance à accorder une importance primordiale à la nature du régime politique dans la création artistique, bref.
De nos jours, Rihanna, Mika, Justice et companie rendent constamment un hommage plus ou moins réussi à cette sonorité eighties.

Toujours est-il que le Funk c'est le smile, l'insouciance, une musique pour Adam qui n'aurait pas mangé de pomme, du
carpe diem sans autodestruction, du rock pour noirs, sans les morts qui vont avec. C'est la musique qu'écoutent les parents d'un Chris que tout le monde déteste. C'est dans les années 80 que les noirs on appris à se la raconter comme des rockstars, DE-COM-PLE-XES!

Omniprésent même de nos jours, l'éléctro-funk survit grâce à des héritiers surdoués tels que
Chromeo ,le meilleur groupe de Funk 80's des années 2000 ce qui, je vous l'accorde, ne veut rien dire du tout.
Il influence même les rétines contemporaines en nous transmettant une vision ronde et colorée des choses, fait observable aussi dans la mode vestimentaire actuelle.
Le Funk était surtout une utopie, je dis bien ETAIT, car le pacifisme ambiant sauce Bush interdit bien souvent les rêves et les sourires béats...

Certains diront: rien à foutre de la musique concrète, dansons sur de la musique qu'on aime, on a tellement bu qu'on sait même plus ce qu'on fête! On-t-il tord? Va savoir...


Laissons Maceo Parker conclure "
Le Funk, c'est un style fait pour ceux qui veulent danser et s'amuser, un style permettant de lever d'emblée toute inhibition. Je ne sais pas à quand ça remonte, probablement aux premiers tambours. Un type qui tape sur ses genoux ou sur ses cuisses avec le plat de la main, et qui obtient un rythme syncopé, très différent de celui du vieux blues ou du swing. Sans le vouloir, le corps se met à onduler puis à danser. Je ne sais pas d'où ça vient, mais si on me le demande, je dirais probablement du vieux Sud, de La Nouvelle-Orleans."

Quelques références de bases par style.

-Funk 70's "classique" : James Brown, Herbie Hancock, Roy Ayers

-Funk 70's "psychédélique" : Funkadelic, Sly & The Family Stone, Rick James, The O'Jays
-Funk 70's "blaxploitation": Isaac Hayes, Marvin Gaye , Bobby Womack
, Curtis Mayfield
-Funk 80's "groovy": Cameo, Bootsy Collins, Lakeside
, Fatback Band
-Funk 80's "freaky": Prince Charles and the City Beat Band, Bar-Kays, Dazz Band

-Funk 80's "classic dancefloor":D-Train, Shalamar, The Whispers, Starpoint, Midnight Star, BB & Q Band
-Funk 80's "rock": Gap Band
-Funk 80's "electro": Zapp and Roger, The Limit, Fat Larry's Band
-Funk 80's "love": Rene & Angela, Jerry Knight, Luther Vandross, Melba Moore, Evelyne Champagne King

-Funk 80's Japonais: Hitomi Tohyama, Tatsuro Yamashita, Anri, Toshiki Kadomatsu
-Funk 80's "Italo-Funk": Ago, Kasso, Kano, Asso, Boeing (quels noms de merde!)

Pour aller plus loin
(phrase digne d'un mauvais manuel scolaire d'été): Funk 80's: classic and rare grooves. >>> FUNK-YOU!!

Mouais

Ecrire sur la musique. Ecrire sur l'écriture. Relire ce que j'écris. Ecrire à en vomir. Vomir ce que je lis. Lire ce que je vois. Voir que tu ne lis pas. Réaliser que je me trompe. Bientôt, bientôt tout ça.

lundi 19 mai 2008

Te fais pas d'bile, Bill


La valorisation de la testostérone à l'américaine, ça a toujours été marrant. Les américains, ils sont capables de te pondre des livres ou des films avec rien que des mecs. Dans les westerns par exemple, y'a parfois une femme...dans un saloon. Les mecs sont mal rasés, ils ne parlent pas beaucoup, boivent, tuent, ne se lavent pas les dents. En même temps ils vivent au XIXè les mecs, on a tendance à l'oublier. Mais pendant que Maupassant chopait la syphilis dans les rues de Paname, et bien Buffalo Bill tuait des bisons dans le Far West( à mains nues parait-il). Bah ouais les mecs, THIS IS AMERICA!
La plupart de ces types s'appelaient William ou Joseph, mais on les appelait Bill ou Joe, c'est comme ça. C'est vraiment drôle la virilité à l'américaine, et bordel, ça te cloisonne une société pour des siècles et des siècles, AMEN.
Imaginons que j'eûs été un écrivain des années 1950 né dans le Midwest, et bien je parlerai sans doute de la "putain de guerre" en ces mots : " Il soupire bruyamment et dit: 'Dieu tout-puissant'. Ça ne voulait rien dire. C'était l'armée. Il sortit un paquet de cigarette de sa poche de chemise, donna une tape pour en sortir une, rentra le paquet dans sa poche, et reboutonna le rabat. Tout en fumant, il promena sur la chambre un regard vide. Ses yeux s'arrêtèrent finalement sur la radio". Ça c'est très 50's parce que de nos jours, plus personne ne pourrait utiliser le mot rabat. C'est très subtil.
Et ça concernerait encore des types qui s'appelleraient Jo ou Bill; mais comme ils seraient beaucoup plus nombreux, il y'aurait des distinctions. Du genre Jo "Little Rock" parce qu'il viendrait de Little Rock, Fat Billy pour des raisons gastronomiques, Mike "le chinois" pour cause d'émigration et Jo "n'a qu'un œil " pour de sinistres raisons, et y'aurait un Bob aussi. Y'a toujours un Bob.

Et maintenant on comprend pourquoi Reagan était Reagan, et pourquoi la famille Bush est composée de "%**$+§ §#!!/<.

GOD BLESS AMERICAN SELF-MADE MAN!

PS: Dans le genre film à torse velu américain, THERE WILL BE BLOOD, est un chef d'oeuvre. Je sais que ce n'est pas l'avis de tous, mais tant pis. J'aurais essayé