mardi 14 juillet 2009

A heavy bassline is my kind of silence [Entracte]


Difficile de ne pas être dur quand le mépris dure.

Je pénètre dans cette grande maison bruyante, je ne connais pas ces gens. Cette bacchanale du feu de Dieu m'exaspère dès la première seconde. Je perçois l'éléctro crasseuse comme la plus perfide des agressions personnelles. Ces jeunes riches dansent affreusement mal. Je pense soudain à la belle époque baroque, temps où les aristocrates prenaient des cours de danse tout en s'enivrant de "substances vicieuses". Je chasse Versailles de ma tête et abandonne l'idée que l'on peut encore être à la fois défoncé et classe de nos jours.


Je ne salue personne, et me sert un mélange de saké, de vin et de rhum. Je me veux multiculturel, c'est la seule solution pour oublier l'affreux contexte de la soirée.
Raisonnablement éméché, les larmes aux yeux, avachi dans ce confortable fauteuil club souillé par d'anciennes vomissures, je cherche des compagnons de galères potentiels.

Je conçois cette soirée d'une façon étonnamment martiale. Cette fête est une guerre. L'objet étant d'écraser les jeunes hommes à coups de remarques acides voire de poings dans la mâchoire, quant aux jeunes filles, le but est encore plus simple: conquérir leur cœur, ou à défaut: leur cul.
Le vieux vétéran que je suis tient à faire l'état des lieux des forces ennemies en présence. D'un regarde circulaire et vitreux: je juge. Sommairement.
Au diable ce groupe de jeunes connes blindées de coke. Plutôt piétiner leur spartiates à franges Maje que de leur accorder la moindre importance. Elles se ressemblent et je les confonds, elles sont 4, ou 8. Je vois double, je m'en fous. Le genre de filles qui forniquent l'été sur des catamarans en Vendée avec des types portant Eudes comme troisième prénom me désintéressent au plus haut point.
Quant à ces trois mecs "slim-New Era-sneakers-barbe de 8 jours", ils sont occupés à vider des font de verres et à jouer les Dj beaucoup trop bruyamment. Ils puent le concept et pense encore qu'Ed Banger c'est bien et que le hip-hop c'est Kanye West. Ça ne devrait pas être une cause de courroux légitime. Pourtant je souhaite qu'ils meurent tous un par un dans ma tête.


Je me tourne vers ce sofa, véritable appel à la paresse, à l'oisiveté la plus totale, à la mort temporaire. Quelqu'un semble y avoir déjà établi ses quartiers, je distingue dans la pénombre un crâne presque rasé et des membres graciles. Je suis affreusement myope.
La démarche lourde, je m'affale dans ce cercueil mou, sans distinction aucune.
Mon voisin est une voisine. Elle est d'une incompréhensible beauté fauve, presque trop brute. J'ai envie d'elle avant même d'avoir entendu sa voix. Bien plus que son corps, c'est son concept et son univers que j'ai envie de saisir, là, maintenant.



Elle est saoule, et revendique avec une certaine fierté la quantité de whisky qu'elle a été en mesure d'ingurgiter toute seule. J'ai alors cette vision, digne d'un mauvais épisode des Experts; j'y vois un liquide brunâtre pénétrer dans son estomac, dans ses veines, puis ronger son foie avec entrain. Elle mourra jeune. Cette jeune femme me fascine. Non, elle m'intrigue plutôt. Quand je lui demande son nom, s'en suit un long silence. Puis elle me répond Béatrix. Je ne le crois pas une seule seconde. Sa mère l'aurait soi-disant nommé ainsi en hommage à Uma Thurman dans Kill Bill, alias The Bride, alias Beatrix Kiddo, femme vengeresse et indépendante en quête d'un salut impossible, portant un fardeau dont on ne peut se débarrasser. J'ai l'esprit encore assez clair pour distinguer l'incohérence chronologique. Car même si sa poitrine semble aussi ferme que celle d'une jeune pubère, ses hanches sont trop larges pour qu'elle puise être née il y a 6 ans, comme le chef d'œuvre de Tarantino. Tant pis, je l'appellerai B.



Je veux jouer avec elle. Saura-t-elle détecter le diable, flairer l'intérêt jetable?


B continue de boire démesurément. Ses propos sont des plus en plus incohérents, donc de plus en plus profonds et de plus en plus drôles. Elle devient tactile et ne se soucie guère d'une quelconque bienséance. Ses postillons épars et alcoolisés ne gâchent pas encore son charme
Elle m'explique son investissement politique à l'extrême gauche. Défendant son point de vue avec une telle ardeur qu'elle me ferait presque passer pour un centriste convaincu. C'est extrêmement...touchant.


B est aussi une artiste. Incomprise, cela va sans dire. Nous parlons principalement d'elle, car poser des questions ne semble pas être son point fort. La façon dont elle revendique son unicité me fait rire et pleurer, intérieurement. Je sais au fond de moi qu'elle n'est qu'une structure, certes compliquée, mais démontable. Je veux la démonter. Dans tout les sens.


Elle devrait savoir qu'il n'y a pas que de l'amour sous mon épaisse masse capillaire. B. ne comprend pas pourquoi je porte à la fois une montre à gousset et une Casio digitale vintage. Moi je ne me comprends pas tout court. Je lui dit que j'en sais peu sur ce qui se passe dans mon encéphale, que je n'ose pas y penser tellement c'est grave. Elle s'en fout, et me fait boire. Autour de nous l'ambiance devient crade et sale. J'ai sommeil. Béatrix me propose de faire l'amour en écoutant Gazelle de Joey Starr. J'éclate de rire. Elle pense que c'est pour la pertinence de sa remarque, mais c'est tout simplement parce que je l'ai déjà fait deux fois. Fantasme d'artiste à la con.


De toute façon, j'ai bu 6 verres de trop pour pouvoir assouvir ses désirs dignement. J'opte pour la préservation du mythe, ou du moins, du mystère. J'utilise une botte fort peu secrète, celle du repas de famille inévitable le lendemain, et fuis. Laissant ma charmante rencontre avec son seul amant fidèle, Jack Daniels. Je sais pertinemment que je la reverrai dans 1 ans ou 2, à son vernissage qui s'intitulera "Trop jeune pour mûrir" ou un truc du genre. Et je l'aimerai sûrement. Une semaine. Deux peut-être.

[ Oui comme vous pouvez le constater je n'ai plus vraiment le temps pour des articles dignes de ce nom. Je vais tenter d'y remédier. Mais les vacances c'est fait pour vivre, non pas pour lire des blogs. Et encore moins y écrire...]

vendredi 26 juin 2009

Shut up and dance!




Je reviens...bientôt!

mercredi 13 mai 2009

Happy Birthday!!




Un an déjà que je poste ici.
Une moyenne d'un post par semaine, ça aurait pu être pire, ça aurait pu être mieux.

Il reste bon nombres de sujets intéressants non traités, il reste une énorme envie d'écrire.


Peu de temps pour écrire jusqu'à juin pour cause d'examens. Cet été j'espère faire des articles plus peaufinés, mieux écrits. J'ai cette fâcheuse tendance à écrire d'une traite, très vite, en quelques minutes, en me relisant à peine par la suite. Je n'irais pas jusqu'à dire que "mes paragraphes naissent de façon spontanée comme les larmes de sang sur une statue de marbre", mais presque.

Paradoxalement, j'oublie souvent que je suis lu, malgré les dizaines de milliers de visites que j'ai eu l'honneur de recevoir (et oui!!!).


Ici se mélangent les commentateurs réguliers, ceux qui ne commentent plus, ceux qui commencent à commenter. Les drôles, les longs, les gentils, les incompréhensibles, les bêtes et très peu de méchants.


Un public essentiellement féminin et parisien je dois le reconnaitre. Mais aussi un lectorat international, un certains nombres d'américains, de canadiens, mais surtout de belges, semblent me suivre assidument.


Preuve que le virtuel finit toujours par céder le pas au réel, j'ai eu l'occasion de rencontrer presque la moitié des blogueurs de ma blogroll! Quota non négligeable.


Ah les blogueurs...

- C. aka 70z, jeune mélomane bercée par les sonorités Funk and Soul, un projet professionnel passionnant dans sa tête bien pleine, un goût prononcé pour la littérature. Mais une fille qui ne postait seulement qu'à chaque eclipse de soleil...Faster Pussycat! Kill Kill!!

- Angèle, dessinatrice de talent mais d'une flemmardise extrême. Graphiste et Photographe en devenir. Semble préparer un projet bloguesque des plus plaisants. Sa compagnie en soirée est tout à fait appréciable et divertissante, toujours au taquet pour partager un sachet de sucre vanillé ou des trucs encore plus étranges encore.

- D' aka Bouffeuse de Vie, juriste ascendant curieuse, sans doute la seule à me suivre depuis le début, étant donné qu'elle commentait déjà mes posts blogs sur...Myspace! Nul doute qu'elle a influencé mon envie de bloguer, son intérêt pour toute chose et son sens de la repartie en avait fait une commentatrice incontournable de ce blog. C'était le bon vieux temps.

- Cannelle, jeune blogueuse belge qui raconte des "histoires banales qui rendent votre vie plus passionnante". Parle de fucking-friends aussi bien que du magazine Lolie avec une nonchalance assumée. A toujours le bon mot dans ses commentaires.

- Elise qui tient son journal d'une fille funky, plume acerbe. Textes courts, rares et profondément nihilistes. Elle ressemble à certains de ces auteurs que l'ont qualifie trop simplement de "générationels", et semble s'être abreuvé de toute la littérature déviante du XXième siècle.

- Marion et son blog Funky-Fresh. Vraie Hip-Hopeuse old school, paradoxal quand on considère qu'elle était encore à l'école primaire lors de la sortie de Supreme NTM. N'a pas oublié de bien écrire et d'être drôle au passage.

- d' aka l'homme aux 34257 akas. Un homme à la beauté fauve, sourde, terrifiante. Un ami. Animé de cette logorhée inhérente aux grands hommes de lettres, amateur de littérature de gens morts et barbus, ainsi que de Mos Def et de tout ce qui se fait de mieux dans le Hip-Hop. Ex basketeur professionnel, futur directeur de l'hopital dans lequel tu vas mourir. Son goût prononcé pour les Mojitos et Kerry Washington menera à sa perte, ou à celle du capitalisme libéral.

- Gomar, blogstar devant l'éternel. Ceux qui peuvent se targuer d'avoir passé plusieurs soirées avec elle savent qu'elle est au-dessus du cliché de la parisienne amatrice de barbes et de Vespa qu'elle pourrait sembler. Une fille drôle, parfois chiante, commence à tâter du réflex Sony, cinéphile avertie et connaisseuse de bons sons dans son domaine ( les types anglophones qui font de l'électro-pop).

- MonsieurLâm, blogeur influent et geek officiel de magazines comme Technikart et GQ. Photographe un peu hype mais pas vraiment en fait, il collabore notament à Lense et BienBienBien. Son Secret Message Service fait un carton. L'espace d'un soir, j'ai pu partagé son expérience journalistique ainsi que son assiette de charcuterie. Il est quelque sorte l'über-blogueur, sauf qu'il ne tient pas l'alcool. Une question d'enzymes dit-il...

- Maybach Carter. Modeuse blogueuse effrenée, elle est Madame Fashizblack. Ambitieuse, motivée et Sorbonneuse, elle est aussi incollable sur Baudelaire que sur le Bobaraba ou la nouvelle collection de chez Balmain. Subtil mélange de Lil Kim et de Michelle Obama, elle a autant de facettes qu'une boule disco. Ce n'est que le début.

- Our-Hair, blog de réferences pour les cheveux afros naturels. Tenu par "Bouffeuse de Vie", c'est un peu par lui que je suis arrivé sur la toile. Blog didactique et intelligent, la bible virtuelle des nappys. Don't remove the kinks from your hair, remove them from your brain.

- Pamploo, skyblog star has been, jeune homme de génie. Textes courts et incifisifs. Nonchalance non feinte. En fait, il s'en fout mais il s'en fout bien. Compère lors de mes virées parisiennes, il m'a déjà sauvé la vie. Il aime les gens avec plein de cheveux, les filles belles et les trucs acides. "Il n'est pas très sympa, il ne t'aime pas, mais il aime bien ta copine!!!" (Cuizinier)

- Funky Ice Cold aka Sarka. Ne pas se fier aux apparences. D'une taille pas forcément gigantesque, elle peut te défoncer la gueule à coup de Hush Puppies. Si elles ose porter de telles chaussures c'est parce que la danseuse qui sommeille en elle peut s'éveiller à tout moment. Amatrice de bon son, future Sciences Politicarde (on l'espère!), compère de Juste Debout. Age Ain't Nothing But a Number.

- Xaphan, le dandy baroque bruxellois. Le fantasme ultime de toutes les filles fan d'Entretisn avec un vampire. Il est Narcisse et Sodome à la fois. Esthète intransigeant et intolérant, il est l'adversaire de la médiocrité. Artisan des mots qu'il façonnent tel Héphaïstos, divinement bien et avec la force du forgeron des enfers. Des rumeurs disent qu'il brille dans le noir, certains pensent qu'il n'est pas vraiment un homo sapiens sapiens...


Et puis bien sûr un mot à tout les commentateurs anonymes ou encore pire, à ceux qui ne commentent pas. Osez, Osez comme disait feu Alain Bashung.
[Un mot pour Mo' aussi...]

Et ne comptez plus jamais sur moi pour avoir un ton aussi peu cynique, si mielleux et ennuyant que dans ce post. Ou alors il faudra attendre un an. Chiche?

lundi 27 avril 2009

Bouffée de chaleur




De toute façon, ils vont tous mourir. La grippe porcine. Un truc idiot que les mexicains ont mis à la mode. Parait-il que ça se diffuse mieux que les sombreros et presque aussi bien que la coke. Ça les tuera tous. Beaucoup moins glamour que les sauterelles dans les 10 plaies d’Egypte. Moins drôle que Mars Attack.

Ce sera progressif, salissant. Personne ne prendra le temps de s’amuser avant. Trop occupés à tousser du sang. Obama mourra jeune, lui aussi.
L’Homme cédera à la panique. Surpris et apeuré. La crise.

Aucun sens de l’humour ni de l’esthétique. L’Homme ne mettra pas en scène sa fin, il subira. Quel profond manque de cynisme et de second degré! C’est désolant.


Bien sûr il y aura toujours une frange d’Irréductibles. Ils trouveront dans la situation une source infinie de créativité et d’amusement. Ce seront des sortes de hippies, mais mieux habillés et plus actifs. Théâtre de l’absurde, folles farandoles, encyclopédie du Rien, match de rugby à 200 dans un cimetière pour chiens hindous. Des types taggueront l’Elysée à l’effigie de Lénine, et certains cadres jetteront cravates et attachés-cases dans la Seine. Avec la même rage que le FN en 1995. Sauf que la cravate s’appelait alors Brahim Bouarram...

Les intellectuels Irréductibles écriront un Traité de la fin des temps, auxquels participeront des lettrés de tout bords et de toutes obédiences.
Des photographies géantes de Man Ray recouvriront les façades des boutiques sur les Champs-Elysées.
Omar et Fred se pendront avec un fil de téléphone pendant le S.A.V sur Canal+.
Bernard Henri-Lévy fera un sketch sur les arabes dans le hall de l’Hôtel Costes. Il crachera du sang dans son verre de Martini sec, et mourra « sur scène », devant deux vigiles vêtus de noir, mastiquant des cure-dents les yeux dans le vide.
Eric Besson, traître et accessoirement Ministre de l’Immigration sera pendu place de la Concorde par des Irréductibles, on jouera au base-ball avec ses organes au jardin des Tuileries. Les frontières seront donc totalement ouvertes. Mais les sénégalais préféreront mourir au Sénégal, et les kurdes au Kurdistan. Et c’est normal.


Alors ces Irréductibles créeront, riront. Un peu. Mais pas longtemps. Ils mourront avant les autres. Car ils sont maigres.


Puis les Réductibles, l’immense majorité du genre humain, périra à son tour. La graisse de l’homo sapiens empestera les rues sous l’effet de la canicule record d’août 2010. Paris sera submergée par un remugle infernal. Cette odeur ne pourra être le fruit de la décomposition humaine. Non, cette puanteur sera transcendantale. Elle annoncera la fin de toute chose, car les atomes aussi dépériront, en même temps que l'Etre Humain périclitera.





Je n’aimerai plus personne. J’écrirai beaucoup. Je volerai des Oreo chocolat blanc dans les supermarchés désertés. Je ne comprendrai pas les raisons de ma survie. Je serai champion du monde d’athlétisme, assez facilement d’ailleurs.

Il ne restera plus personne.

Sauf un dernier Homme qui jouera un cantate de Bach sur un piano à queue Pleyel, place du Trocadéro. Mais lui aussi s'effondrera sur son instrument dans un fracas assourdissant. Je souhaiterai alors perdre mes Cinq Sens.

Mais bien sûr je te rencontrerai. Parce que le futur ressemblera à un immonde téléfilm américain stéréotypé.

Tu auras les cheveux sales, et tu ne parleras pas. Je te considérerai comme une bohémienne muette, et on apprendra à se connaître par cœur, dans ce silence de mort, sous un soleil éclatant. Tu feras souvent des malaises, par manque de glucides sûrement. Pendant l’amour tu susurreras, mais le sens de tes mots m’échappera. Toi non plus tu n’auras pas la grippe porcine, car tu es une légende. Cochonne, sûrement. Truie, jamais.



En 2011, l’ennui me gagnera,et les 6 milliards de cons me manqueront. Ton corps perdra de sa rondeur et donc de sa vie. Tu feras mal l’amour et sera asthmatique. Je ne caresserai plus le bas de ton dos, et passerai mes journées à la Bibliothèque François Mitterrand. M’enfermant dans ce carcan de savoir qui n’aura plus aucun sens, je vieillirai à vue d’œil. Tu aimeras mes locks blanches et mes ridules naissantes.

Pour te faire plaisir, on se mariera nus un après-midi d’hiver, sans prêtre, à Notre-Dame de Paris.

J’entendrai le bruit de ta boite crânienne heurtant cette plaque de verglas sur le parvis. Ta petite couronne de camélias blancs n’amortira pas ta chute. Tu ne changeras donc jamais. Tu gâcheras tout, irrémédiablement,quoique. Et cette scène se déroulera au ralenti, plan serré, HD, Dolby Surround. Cliché.

Ton hémoglobine se mélangera au minuscule dépôt de neige jonchant le sol. Je n’aime pas le sang, ni les adieux. Donc je partirai. Nu. Seul.
Je ne te vois plus tu es morte. (*).
Tu n'as jamais écouté mon discours sibyllin, c'est bien fait.

Je marcherai alors en grelottant pendant deux heures, jusqu’au Parc des Buttes Chaumont où je t'avais rencontré. Alors que je gravirais les marches du Temple de la Sybille, j’oublierai la date de la mort de César, et je t’ai déjà oublié TOI.

Ce soir-là, avec la conscience de la mort approchante, j’admirerai ce royaume composé du RIEN absolu. Je me rappellerai du Roi Lion. Je ne pleurerai pas. Je ne parlerai plus. J'arrêterai de me plaindre.
En position du fœtus, je recouvrirai mon visage de ma chevelure, et j’attendrai.


Et dire que je n’ai jamais vu Tokyo.


dimanche 19 avril 2009

Do I look Like I Sell Drugs?

Je n'ai jamais été victime du racisme.


Bon bien sûr, il y avait ce Jonathan D. à l'école primaire. Garçon brun aux yeux noirs, plus âgé que moi, toujours vêtu de vêtements aux motifs genre "camouflage militaire". Son père lui avait soi disant interdit de me fréquenter "parce que j'étais différent". Moi, naïf, je ne voyais pas en quoi j'étais différent. Bon okay, je portait des "chaussures de ville" et non des NikeAir, je préférais le Handball au sacro-saint Foot, je connaissais la capitale du Swaziland et fredonnais du Higelin quand d'autres se déhanchaient sur la Macarena. Dans un sens, j'étais donc différent. De la à ne pas m'adresser la parole...
J'ai fini par comprendre et ignorer les attaques du garnement. Puis il a voulu devenir mon ami au collège, car la génétique a voulu que je fasse 1m80 en quatrième, en général ça enlève pas mal d'ennemis potentiels, dans le monde de la testostérone naissante et du "j'vais-te-défoncer-à-16h15-après-la-techno" qu'est celui du collège.
En tout cas, j'ai refusé son amitié lâche et intéressée. J'ai voulu lui cracher au visage, mais je devais avoir la bouche sèche, la flemme ou de la pitié pour lui. Enfin bref, il a dû changer de collège ou mourir. Je ne sais plus, je m'en fous.

Depuis, pas grand chose à se mettre sous la dent. Ah si, y avait bien ce type au cinéma, qui a dit qu'il n'aimait pas vraiment "les gens comme moi". Le pauvre n'avait pas toutes ses facultés mentales, je l'ai seulement prévenu que Will Smith dans Hancock n'était pas vraiment suédois...
Je n'ai jamais été victime du racisme.



Je vis dans le centre-ville d'une ville moyenne de province. Il n'y a que très peu de communautarisme, des violences rarissimes, et un chômage plus faible que la moyenne. C'est sans doute une chance. Le tissu social et solide et solidaire, comme dans toute bonne et honnête ville socialiste. Ici les gens s'aiment.
En apparence.

En effet, dans la rues, les grand-mères me demandent leur chemin en toute confiance. Et je n'ai jamais eu de souci pour trouver un emploi.
Oui, car moi "je suis de couleur, mais c'est différent."
Phénomène magique. Quand on a un bac+3, qu'on pas d'accent, pas de baggys surdimensionnés ou de filets 97-trucs: et bien on est plus vraiment noir. C'est scientifiquement prouvé. Paraîtrait même que Roselmack deviendrait auvergnat à vue d'œil...
Je n'ai jamais été victime du racisme




Non je n'ai jamais été victime d'un racisme frontal et vulgaire. Je serais au contraire, un quasi produit de la discrimination positive (*).
Le racisme est beaucoup plus insidieux que ça. On ne dit plus "sale noir", ça sonne trop XXième siècle. Mais le malaise est constant. Les blagues fusent pour montrer que le citoyen français est décomplexé par rapport à la question raciale.
Un peu comme mon oncle de Brest, que je n'avais pas vu depuis longtemps. Il m'a accueilli en criant: "hey mon n'veu, t'as tes papiers??!!", avant d'éclater d'un rire tonitruant et de me serrer fort dans ses bras d'ouvrier syndicaliste à la retraite. Sacré tonton, va!
Je n'ai jamais été victime du racisme



Les dealers, de Rennes à Châtelet voient constamment en moi un acheteur de drogue potentiel. Je suis submergé de flyers pour les soirées reggae alors que Bob Marley n'est même pas dans mon I-pod.
Les recruteurs de donateurs, recouverts de K-way médecins du mondes, Aids ou CARE, me prennent pour le messie, pensant que mes cheveux sont un gage d'alter-mondialisme.
Les gens n'arrivent pas à s'imaginer que l'on peut avoir des locks, tout en étant individualiste, carriériste, égocentrique et peu sensible à l'écologie. "Ah ba non, lui il à l'air gentil, il fume de l'afghan, ne loupe aucun meeting de Besancenot, jongle avec des boules de feu en mangeant du tofu, fait de l'humanitaire au Burkina Fasso et joue dans un groupe de ska."
FAUX.

D'un autre côté, je suis la caution roots des étudiants en droit. Je suis le fantasme exotique de jeunes clientes de Maje et Sandro, originaires de Quimper ou Landerneau, en quête de sensations fortes, de sable fin et de rythme de djembés. Je suis l'exception qui confirme la règle dans l'amphi d'Histoire/Sciences Po'.

Mais qui suis-je bordel?
Alors que les jeunes guadeloupéens m'assommaient à coups de "vous les blancs" sur les plages paradisiaques de Marie-Galante; les jeunes bretons me questionnaient à base de "vous les noirs" sur les plages moins paradisiaques de St Malo.
Mais qui suis-je bordel!!!?
"Et bien vous ressemblez à Anthony Kavanagh jeune homme, enfin plutôt à Yannick Noah en fait".
C'est donc ça: "je suis métis, un mélange de couleurs, hoho!!".
YOUPI.
Je n'ai jamais été victime du racisme


Alors tout va bien, ne t'en fais pas.

mercredi 15 avril 2009

Bottom's Up!

Petit intermède Funky.

Avec la persévérance de l'archiviste forcené et amoureux de son sujet: j'ai fouillé.
J'ai regardé plusieurs milliers d'images de vynils de Funk des années 80 à 84 pour essayer de retransmettre l'esthétique funky en image.

Le résultat est sans appel: la plupart des vynils n'ont pas de jaquettes, ou alors elles sont introuvables. D'autre part, 90% des couvertures sont à vomir, contrairement à celle des 70's.
On ne va pas refaire un comparatif 70's/80's, c'est déjà plus ou moins fait là (article où les commentaires ont fusés tels des météorites sur Manhattan, à savoir très rarement)

On en retire quand même la quintessence de la sensualité afro-funky des 80's. C'est de mauvais goût, plutôt drôle, déjanté, faussement lisse et ça m'émeut.

Bref, Voyez.

[FUNK-YOU Deeply. With all my love.]